Encore une bouteille à la mer... Une bouteille à ma mère.

Maman, je sais qu'il y a peu de chance que tu vienne ici, mais si c'est le cas, alors tu sauras au moins ce que je ne peux te dire depuis tout ce temps... Ce que je ne peux te dire en face, mais que je crie pourtant au monde entier.

Maman, je t'aime, malgré tous ce qui a pu nous arriver. Je te respecte, et je suis fière d'être la fille d'une femme aussi forte, qui a su affronter tant de choses. Et en même temps, en moi ce mêle d'autres sentiments contradictoires. Je t'en veux de ne pas avoir été là, même si je sais que je suis un peu coupable aussi dans le fond, seulement toi, en tant que maman, tu aurais dû t'accrocher à moi, même si je me suis rebellée, même si je n'ai pas toujours été tendre, même si je t'ai parfois repoussé comme j'ai repoussé tout le monde à cette sombre époque. J'ai un peu honte aussi parfois d'être ta fille, à cause de certains choix que tu as fais, de certaines choses que tu as dites... Je suis quasiment sûre qu'au fond de toi, tu sais que quand je dis ça je parle de ta famille, et de certaines personnes que tu as profondément blessé, même si tu n'en avais pas forcément l'intention. Je me suis même parfois excusé auprès d'eux de ton comportement, mais je sais que ça ne changera jamais rien. Je sais que certains ne te pardonnerons jamais, et je sais que, comme ton père, tu as trop de fierté pour admettre que parfois tu as peut-être eu tord, et pour demander pardon aux personnes, qui comme moi, n'ont pas appréciés certains de tes comportements.

J'ai déjà pardonné certaines choses que tu as faites, surtout quand tu étais avec ton ex-mari. Je sais que tu étais complètement aveuglée par ce dingue... Mais il y a des choses que tu dois encore te faire pardonner... Et dernièrement je suis malheureuse, parce que je sens que tu t'éloigne une fois de plus, parce que depuis le début de cette année 2012 je t'ai eu au téléphone seulement 7 petites minutes, et que tu ne m'as parlé que de travail. Je sais que je ne peux pas comprendre tout ce que tu fais, parce que je n'ai pas vécu les mêmes choses que toi, parce que je ne suis pas moi-même une mère, et que je n'ai pas la prétention que le jour où je le serais, je serais une meilleure mère que tu l'as été.

Dernièrement, j'ai beaucoup grandie, j'ai beaucoup évolué, et c'est surtout grâce à mon travail actuel, auquel je n'ai pas l'impression que tu crois vraiment... Mais si même ma mère ne crois pas en moi, alors qui sera là derrière moi pour me pousser ?

Maman, j'ai besoin de toi, parce que moi aussi j'aimerais devenir une mère. Parce que j'aimerais avoir ma vie et ma famille, et parce que je ne conçois pas que tout ça puisse se faire sans ma mère... Parce que je sais trop bien que quand on est enfant on a besoin de savoir d'où l'on vient, qui sont nos grand-parents... J'aimerais aussi que tu puisse te réconcilier avec certains membres de la famille, qui méritent qu'on leur accorde une attention, qu'on écoute pas ce que les autres en pensent et qu'on se fasse notre propre opinion. Je sais que tu juge parfois trop vite, et que parfois tu écoute un peu trop ce que pense les gens, même s'ils ont tords. Et j'aimerais que tu puisse dépasser ça, parce que le jour où je me marierais, j'espère bien que je pourrais avoir près de moi ma mère ET mes cousin(e)s.

Tu vois maman, je ne suis plus un bébé, je suis une adulte... Je suis une femme, qui a encore besoin de toi, et qui t'as déjà pardonné beaucoup de choses... Mais qui cette fois est à bout de souffle, et ne se sent plus capable de faire encore des efforts pour sauver une relation mère-fille qui a toujours été quasiment inexistante... Maman, malgré tout, je t'aime, mais j'ai besoin que pour une fois, ce soit toi qui vienne vers moi, pour les bonnes raisons cette fois... Maman, j'ai besoin que tu m'aime, que tu le prouve et que tu m'accorde la faveur de laisser une chance à des personnes qui le mérite.

Maman, je te pardonne pour presque tout, mais je t'en supplie, ne m'abandonne pas encore une fois...

Et à tout ceux que ma mère a pu blesser au cours des années, même sans le vouloir, je vous demande pardon pour elle... Vous êtes tous de la famille, et vous savez bien de qui elle tient cette fierté qui l'empèche d'admettre parfois qu'elle a tord... Alors je vous demande à vous aussi une faveur : laissez lui une chance de se racheter. La maladie change les gens, je crois que vous le savez tous, alors vous pouvez aussi comprendre que depuis l'époque où tout ça c'est passé, elle aussi, elle a changé.

Parce que, malgré tout, je t'aime...

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